Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

son propre esprit. On m’a rapporté que l’écrivain incroyablement vivace et impétueux qui représente chez nous cette école critique disait un jour à un confrère suspect d’indolence, d’ingénuité et d’épicuréisme littéraire : « Vous louez toujours ce qui vous plaît. Moi, jamais ». Dur renoncement apparent !… J’ajoute que cette critique ascétique et raisonneuse, difficile à exercer supérieurement, est de ces emplois qui supportent le mieux une médiocrité honorable.

L’autre critique consiste à définir et expliquer les impressions que nous recevons des œuvres d’art. Elle est modeste ; toutefois, ne la croyez pas forcément insignifiante. Les raisons qu’on donne d’une impression particulière impliquent toujours des idées générales. On ne la peut motiver sans motiver à la fois tout un ordre d’impressions analogues. Et, sans doute, le critique « impressionniste » semble ne décrire que sa propre sensibilité, physique, intellectuelle et morale, dans son contact avec l’œuvre à définir ; mais, en réalité, il se trouve être l’interprète de toutes les sensibilités pareilles à la sienne. Et ainsi il n’y a pas de « critique individualiste ». Celle qu’on appelle ainsi, au lieu de classer les