Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/215

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remonte par la corde. Mais tout à coup la corde, secouée du haut de la tour par des bourreaux embusqués, oscille épouvantablement et heurte contre les murailles Isnel et son cher fardeau. Comme ça, très longtemps, sous les yeux d’Ichmé.

Puis la corde redevient immobile. Et alors des bourreaux entrent dans la cour, et, l’un après l’autre, « souillent Ichmé de baisers odieux ». Comme ça, très longtemps, sous les yeux d’Isnel.

Et c’est le premier tableau.

La malheureuse Ichmé s’est évanouie. Quand elle reprend ses sens, des bruits inaccoutumés viennent, par un soupirail, de la loge souterraine où sont les lions. Des voix crient : « Isnel, l’enfant ou toi ! Nos bêtes ont faim. Jette-leur ton enfant, ou deviens toi-même leur pâture. Choisis ! » Ichmé entend le bruit d’un corps qui tombe. Est-ce l’enfant ? Est-ce le père ? Un faible vagissement lui fait croire que c’est l’enfant. Bruit d’os broyés. Ichmé se tord de désespoir et « brise ses dents » sur les barreaux de fer. Et c’est le second acte.

Mais Isnel, — qu’en réalité on a laissé s’évader et qui est allé déposer l’enfant dans un asile qu’il croit sûr, — revient, par la corde à noeuds, pour sauver la mère. Elle lui crie : « Misérable ! tu as tué notre enfant ! et tu vis ! » Elle brandit sur lui ses chaînes, et l’assomme d’un seul coup. Puis elle s’ouvre une veine, je ne sais trop comment.

Or, tandis qu’elle agonise, des torches illuminent