Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/57

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croient ainsi n’est du nombre de ceux qui sauvent les peuples… »

Je me figure qu’ici encore son tempérament « peuple » se retrouve. Un gallican, un doctrinaire, un catholique libéral, c’est d’abord, à ses yeux, un homme qui se trompe. Mais c’est aussi, le plus souvent, un bourgeois riche et « bien pensant » — ce qui ne veut nullement dire un vrai chrétien. — C’est un avocat, un politique de métier, un jurisconsulte disputeur, plein d’orgueil et de défiance, peu fraternel aux hommes, imprégné du vilain esprit laïque des légistes de l’ancienne monarchie ; — ou bien encore un jeune homme élégant et un peu pédant, membre de la conférence Molé, d’existence luxueuse, et pour qui la foi est si peu le tout de la vie que ses mœurs ne sont pas chrétiennes, bref, quelque chose comme le Henri Mauperin des Goncourt ; — ou enfin quelque prêtre « éclairé » et tolérant, trop soigné dans sa mise, trop attentif à plaire, qui a fini par voir dans l’Église une branche de l’administration et par se considérer lui-même comme un fonctionnaire en soutane. J’imagine qu’involontairement (car les idées, chez lui, se faisaient concrètes avec une singulière rapidité), il se représentait le prêtre « libéral » sous les espèces de celui qu’il apostrophe dans les Libres Penseurs, au chapitre des Tartufes : « Pour Dieu ! monsieur l’abbé, ou ne dites plus la messe et ne portez plus ce titre d’abbé, ou habillez-vous en prêtre, et vivez en