Page:Lemercier - La Jeune Fille et le Petit Cochon, 1927.djvu/3

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Vous, il faut toujours qu’on vous voie
Dans des rob’s d’un prix effronté ;
Lui, ben, il est habillé d’soie,
Et sa robe n’m’a ren coûté.

Vous, pour votre petit’goul’rose
Faut des plats fins en quantité ;
Lui, mang’de tout et, mêm’, d’aut’chose,
C’qui prouv’qu’i’n’est point dégoûté.

Vous, si l’on vous app’lait : « Guernouille ! »
C’que vous en feriez un pétard ;
Mais, lui, quand je l’appelle : « Andouille ! »
Il sait ben qu’i’l’s’ra tôt ou tard.

Vous, ben qu’n’étant qu’un’paysanne,
Vous rêvez d’êtr’rich’, cré bon guieu !
Mais, lui, quand il est dans la panne,
Il sait qu’il est dans son milieu.

Vous, malgré vot’tête d’madone,
Vos p’tit’s mains, vos airs pudibonds,
J’suis sûr qu’vous n’devez pas êtr’bonne,
Lui, je l’class parmi les gens bons.

Vous, cert’s ! vous sentez bon d’un’lieue,
Lui, c’est tout l’contraire et, pourtant,
Il est bon d’la tête à la queue.
Vous… n’pourriez pas en dire autant.



Eugène LEMERCIER.



S. E. M. F. A. 614