Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t1, 1887.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
SOUMET.

             Ne m’appellent jamais leur sœur !
Je ne partage pas les jeux de la veillée ;
             Jamais sous son toit de feuillée
Le joyeux laboureur ne m’invite à m’asseoir ;
             Et de loin je vois sa famille,
             Autour du sarment qui pétille,
Chercher sur ses genoux les caresses du soir.

             Vers la chapelle hospitalière
             En pleurant j’adresse mes pas,
             La seule demeure ici-bas
             Où je ne sois point étrangère,
             La seule devant moi qui ne se ferme pas.

             Souvent je contemple la pierre
             Où commencèrent mes douleurs ;
             J’y cherche la trace des pleurs
Qu’en m’y laissant peut-être y répandit ma mère.
             Souvent aussi mes pas errants
Parcourent des tombeaux l’asile solitaire ;
Mais pour moi les tombeaux sont tous indifférents,
             La pauvre fille est sans parents
Au milieu des cercueils ainsi que sur la terre.
             J’ai pleuré quatorze printemps
             Loin des bras qui m’ont repoussée :
             Reviens, ma mère ! je t’attends
             Sur la pierre où tu m’as laissée !


LES ENFANTS DU PARADIS



Oh ! parmi tous ces cieux que réjouit Marie,
Celui qu’elle préfère est la jeune patrie
De ce peuple d’enfants, souriant et vermeil,