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CAMILLE MACAIGNE.


Et, tandis qu’un sang vif coule autour de son cœur,
Que des souffles puissants passent dans son haleine,
Hercule est devenu la fileuse de laine,

Et la royale amante, au sourire moqueur,
Assise sur son lit ciselé par Dédale,
Frappe le demi-dieu du bout de sa sandale.


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L’ESPÉRANCE




Déjà l’arbre verdi par l’Avril renaissant
Dans les airs attiédis se balance et se joue,
Et, comme le chantait le cygne de Mantoue,
Confie aux vents meilleurs son bourgeon florissant.

Tout germe, tout grandit sous un souffle puissant,
La Nature renaît à la force et secoue
Sous le baiser d’amour qui caresse sa joue
La torpeur au front pâle et dépourvu de sang.

Et, devant ces témoins de la vie éternelle,
Les chênes, dont les flancs, la tête solennelle,
Par la virilité se sentent envahis,

Moi qui n’ai jamais eu l’espérance illusoire,
Je rêve, chaque jour, ô France, ô mon pays,
Le rajeunissement de ton ancienne gloire.


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