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MADAME LOUISA SIEFERT.


Mais cette splendeur qui décore
Le vaste infini déroulé
Est d’un aspect plus triste encore
Aux yeux tristes de l’exilé.

Et la petite maison basse,
Frère, où sont ta mère et tes sœurs,
Pour ton cœur avait plus d’espace,
Pour ton regard plus de douceur.


(Les Stoïques)


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TEMPS PERDU




Oh ! tout ce temps perdu pour s’aimer, tous ces jours
Que je vois loin de moi s’envoler dans leur cours
               Régulier, lent et monotone !
Tous ces bonheurs flétris dans leur espoir naissant
Comme ces derniers lis sur qui l’hiver descend
               Avant la floraison d’automne !

Les arbres dépouillés demandent grâce aux cieux
Et semblent supplier de leurs bras anxieux,
               Que fouettent le vent et la pluie ;
Le vallon se remplit d’un brouillard froid et gris,
L’horizon nuageux se cache à l’œil surpris,
               L’âme dans sa prison s’ennuie.

Car voici la saison du foyer, les longs soirs
Dont la lampe, qu’on voit si blanche aux seuils plus noirs
               Devient l’étoile convulsive ;