mile Bergerat est né à Paris le 29 avril 1845. Il
débuta dans les lettres à dix-neuf ans par une comédie en
vers, au Théâtre-Français, qui réussit. Tempérament très
artiste, il a abordé à peu près tous les genres littéraires, poésie, théâtre,
roman, critique d’art, chroniques, et sa réputation s’est faite de la
multiplicité même de ses recherches. Malgré le succès considérable de ses
chroniques de Caliban, au Figaro, le don théâtral paraît être sa
dominante.
Comme poète, il a donné les Poèmes de la Guerre, recueil d’odes et d’élégies patriotiques écrites pendant le siège de Paris, récitées à la Comédie Française, et dont quelques-unes ont atteint et conservé la popularité. De ce nombre, il convient de citer Les Cuirassiers de Reichshoffen et Le Maître d’École, ce dernier ouvrage surtout, dont un autre poète a écrit qu’il était « le plus beau cri de douleur quait poussé la patrie française pendant son martyre de 1870. »
Depuis cette époque, M. Émile Bergerat, à demi submergé dans une production presque quotidienne de journaliste militant, n’a plus donné à la poésie que le poème intitulé : Enguerrande, par lequel il affirme ses convictions shakespeariennes, et qui, a dit Théodore de Banville, renferme des « scènes ardentes, extasiées, lyriques et symétriques parfois, où le mot, avec sa force virtuelle et avec tous ses artifices, se mêle, se tresse et se retourne en cent façons pour exprimer l’inexprimable ; où la magicienne