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ÉMILE BERGERAT.


VI


Et pourtant que de joie en mon humble métier !
J’ai vécu de chansons pendant un an entier ;
Quand on entendait rire, on disait : « C’est l’école ! »
L’enfant n’est bien souvent qu’un ange curieux
Qui vient pour essayer la vie, une heure ou deux,
Et qui, la trouvant triste, ouvre l’aile… et s’envole.


VII


Sans doute ils oubliaient chez moi le paradis,
Car tous m’étaient restés. — Ce que je vous en dis
N’est pas pour me vanter ; j’avais cette chimère
Qu’à la longue, fût-il faible ou fort, blond ou brun,
Le ciel finirait bien par m’en envoyer un
Dont ma femme serait le portrait… et la mère.


VIII


La guerre vint. — Forbach ! Reichshoffen ! — Votre roi
Chantait : Louange à Dieu ! — Je ne sais pas pourquoi
Un peuple écoute un roi qui l’appelle à la guerre.
Il serait fort aisé pourtant de dire : « Non !
Nous ne sommes point faits pour nourrir le canon !… »
Je suis, vous le voyez, un esprit très vulgaire.