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GABRIEL VICAIRE.


L’église de ma jeunesse,
L’église au blanc badigeon,
Où jadis, petit clergeon,
J’ai servi la messe,

Est encore là tout près,
Oui monte sa vieille garde,
Et, sans se troubler, regarde
Les rangs de cyprès.

Entouré de tous mes proches,
Sur le bourg, comme autrefois,
J’entendrai courir la voix
Légère des cloches.

Elles ont vu mes vingt ans
Et n’en sont pas plus moroses;
Elles me diront des choses
Pour passer le temps.

Puis, l’après-midi, j’espère,
Tous les petits polissons
Qui vont prendre des leçons
Du premier vicaire,

D’un couplet de mirliton
Salueront nos mausolées,
Et joueront dans nos allées
À saute-mouton.

Bref, je serais, il me semble,
Un mort tout à fait heureux,
Si parfois deux amoureux
S’en venaient ensemble,