ean Richepin, né à Médéah (Algérie), le 4 février
1849, fit de longues et sérieuses études, à la suite desquelles
il entra à l’École normale, dont il fut un des élèves les plus
distingués. En 1870, il s’enrôla comme franc-tireur et combattit dans
l’armée de l’Est. Après la signature de la paix, moitié journaliste, moitié
professeur, il demeura obscur pendant plusieurs années, ayant seulement
publié une plaquette de prose sur Jules Vallès : Les Étapes d’un
Réfractaire (1872). Tout à coup parut, en 1876, La Chanson des Gueux,
œuvre qui fut jugée audacieuse, mais révéla un remarquable tempérament
poétique. Richepin eut alors la même gloire que Gustave Flaubert et
Charles Baudelaire, celle d’être condamné par un tribunal d’illettrés.
On peut dire à propos de ce livre que l’auteur fut étrange de ton et
d’allure, tel qu’un gueux qui, au travers de son manteau gris de
poussière, laisserait voir avec un juste orgueil sa peau cuivrée et sa virile
jeunesse.
Après avoir été le rauque et énergique chanteur de la Chanson des Gueux, Richepin devint le fougueux amant des Caresses, puis le contempteur téméraire qui jeta à l’impassible Divinité ses Blasphèmes, pour se montrer finalement, avec la merveilleuse mobilité qui le caractérise, le dévot incantateur de La Mer.
Avec la même audace un peu voulue, mais aussi avec une égale souplesse lyrique, il débuta au théâtre par Nana-Sahib, dont la singulière