Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
301
JEAN RICHEPIN.

exubérance étonna, puis il donna Jeux autres pièces : Monsieur Scapin, et Les Flibustiers, qui sont dans une note plus douce.

Quel que soit le jugement qui puisse être porté sur Jean Richepin, le poète qui a su prendre dans sa génération la place qu’il occupe ne la doit pas à sa seule facilité. Une puissante originalité, dont il cherche un peu trop à faire saillir les angles, l’a depuis longtemps désigné à l’attention de tous les amis de la poésie.

Dans la prose Richepin a apporté la force de sensation et l’éclat de style qui distinguent ses œuvres poétiques. Parmi ses nombreux romans, il faut citer principalement Madame André, La Glu, Les Morts bizarres et Braves Gens. Tout récemment il a introduit dans Césarine (888) plusieurs épisodes de l’année sanglante.

Les ouvrages de Jean Richepin ont été publiés par M. Dreyfous et par M. Decaux.

a. l.


____________



TRISTESSE DES BÊTES

Le soleil est tombé derrière la forêt.
Dans le ciel, qu’un couchant rose et vert décorait,
Brille encore un grenat au faite d’une branche.
La lune à l’opposé montre sa corne blanche.
Vers les puits, dont l’eau coule aux rigoles de bois,
C’est l’heure où les barbets avec de grands abois
Font, devant le berger lourd sous sa gibecière,
Se hâter les brebis dans des flots de poussière.
Les bêtes, les oiseaux des champs, sont au repos.
Seuls, le long du chemin, compagnons des troupeaux,
Sautant de motte en motte après la mouche bleue,
On entend pépier les brusques hoche-queue.
Puis ils s’en vont aussi. La nuit de plus en plus