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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


C’est là que vient le gueux, en bête poursuivie,
Parmi l’âcre senteur des herbes et des blés,
Baigner son corps poudreux et rajeunir sa vie
Dans le repos brûlant de ses sens accablés.

Et quand il dort, le noir vagabond, le maroufle
Aux souliers éculés, aux haillons dégoûtants,
Comme une mère émue et qui retient son souffle
La nature se tait pour qu’il dorme longtemps.

(La Chanson des Gueux)


AU JARDIN DE MON CŒUR

Quand vos yeux amoureux ne me sont point moroses,
Mon cœur est un jardin plein d’œillets et de roses

Tout est joyeux, les fleurs, les couleurs, les odeurs,
Les abeilles vibrant, les papillons rôdeurs.

Les moineaux, les pinsons, les linots, les mésanges,
Tous les oiseaux grisés chantent comme des anges.

Le jet d’eau, qui gazouille aussi doux que du miel,
Semble un iris ayant pour fleur un arc-en-ciel.

Quand votre Majesté, madame, est satisfaite,
Au jardin de mon cœur tout le monde est en fête.

Mais quand vos yeux se font cruels et mécontents,
Adieu les fleurs et les oiseaux ! Adieu printemps !