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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


TRISTESSE

Oh ! comme j’ai souffert pour apprendre la vie,
Pour arracher au monstre un mot de son secret !
Peut-être par l’épreuve un dieu me consacrait,
En rendant mon ardeur trompée, inassouvie.

Où donc s’est éclipsé le tableau merveilleux
Placé sur l’horizon de même qu’un mirage ?
Pour l’atteindre j’avais ce qu’il faut de courage,
Et je n’ai fait pourtant que le couver des yeux.

Chimère séduisante, en tous lieux poursuivie,
J’ai désiré l’amour, m’exposant encor plus.
Les maux qui m’ont meurtri, je les avais voulus...
— Oh ! comme j’ai pleuré quand j’ai connu la vie !

(Le Médaillon)

LE CABESTAN

I

Les femmes des marins ont traversé la plage
Par le chemin qui mène à l’endroit du mouillage.
Devant elles la vague abandonne ce port
Où ne peut aborder nul vaisseau de haut bord,
Où les rocs à fleur d’eau remplacent les bouées,
Où les barques de pêche, au hasard échouées,