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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

jolis Contes dorés d’où nous tirons les vers suivants d’une forme si précise et dune fermeté d’acier ?

Les œuvres en prose de M. de Bonnières ont presque toutes paru chez Paul Ollendorff ; ses Contes Dorés se publient dans la maison A. Lemerre.

E. Ledrain.


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LE ROSIER ENCHANTÉ


Comment mie gentille fée était retenue dans un rosier, et comment elle offrit son amour à Jeannot.


Jeannot, un soir, cheminait dans le bois
Et regagnait la maison d’un pied leste,
Lorsqu’une Voix, qui lui parut céleste,
L’arrêta net : — « Jeannot ! » disait la Voix.

Qui fut surpris ? Dame ! ce fut notre homme.
Il ne s’était aucunement douté
Qu’il cheminait dans le Bois Enchanté.
S’il n’avait peur, ma foi ! c’était tout comme.

Il demeura tout sot et tout transi.
— « Jeannot, mon bon Jeannot ! » redisait-elle.
Il n’était pas, certe, une voix mortelle
Charmante assez pour supplier ainsi.

Or, en ce lieu poussait plus haut qu’un orme
Un Rosier d’or aux roses de rubis.
Le paysan eût eu mille brebis
D’un seul fleuron de ce rosier énorme.