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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.

Il s’écrie ! Il a vu la terreur de Némée
Qui sur le ciel sanglant ouvre sa gueule armée
Et la crinière éparse et les sinistres crocs ;

Car l’ombre grandissante avec le crépuscule
Fait, sous l’horrible peau qui flotte autour d’Hercule,
Mêlant l’homme à la bête, un monstrueux héros.


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FUITE DE CENTAURES




Ils fuient, ivres de meurtre et de rébellion,
Vers le mont escarpé qui garde leur retraite ;
La peur les précipite, ils sentent la mort prête
Et flairent dans la nuit une odeur de lion.

Ils franchissent, foulant l’hydre et le stellion,
Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrête,
Et déjà sur le ciel se dresse au loin la crête
De l’Ossa, de l’Olympe ou du noir Pélion.

Parfois, l’un des fuyards de la farouche harde
Se cabre brusquement, se retourne, regarde
Et rejoint d’un seul bond le fraternel bétail ;

Car il a vu la lune éblouissante et pleine
Allonger derrière eux, suprême épouvantail,
La gigantesque horreur de l’ombre Herculéenne.


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