Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t3, 1888.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Oh ! ses cheveux livrés au vent !
Ses yeux, crépuscules d’automne !
Sa parole, qu’encor souvent
J’entends dans la nuit monotone !…

C’était la plus belle, à jamais,
Parmi les filles de la terre.
Et je l’aimais, oh ! je l’aimais
Tant, que ma bouche doit se taire.

J’ai honte de ce que je dis,
Car nul ne saura ni la femme,
Ni l’amour, ni le paradis
Que je garde au fond de mon âme.

Que ces mots restent enfouis,
Oubliés (l’oubliance est douce),
Comme un coffret plein de louis
Au pied du mur couvert de mousse.


____________



VISION




Au matin, bien reposée
Tu fuis rieuse, et tu cueilles
Les muguets blancs, dont les feuilles
Ont des perles de rosée.

Les vertes pousses des chênes
Dans ta blonde chevelure
Empêchent ta libre allure
Vers les clairières prochaines.