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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Je t’ai suivie en satyre
Et caché, je te regarde
Blanche, dans l’eau babillarde.
Mais ce nénuphar t’attire.

Tu prends ce faux lis, ce traître,
Et les joncs t’ont enlacée.
Oh ! mon cœur et ma pensée
Avec toi vont disparaître.

Les roseaux, l’herbe, la boue
M’arrêtent contre la rive.
Faut-il que je te survive
Sans avoir baisé ta joue ?

Alors, s’il faut que tu meures,
Dis-moi comment tu t’appelles,
Belle, plus que toutes belles !
Ton nom remplira mes heures.

« Ami, je suis l’Espérance.
Mes bras sur mon sein se glacent. »
Et les grenouilles coassent
Dans l’étang d’indifférence.





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