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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Pourquoi, mi-hors du corsage,
Vos seins gonflés et polis
Font-ils rougir mon visage
Puisqu’ils sont couleur de lis ?

Et pourquoi votre âme, où sombre
L’espoir de mon amour pur,
Me fait-elle un destin sombre
Puisqu’elle est couleur d’azur ?





POUR UNE BRUNE




Enfants, quand nous avions, sans trop de barbarismes,
Épelé Cicéron, Quinte-Curce ou César,
Le maître, satisfait, nous lisait, au hasard,
Un conte oriental plein d’étranges lyrismes.

Nos esprits, allumés aux rayons de ses prismes,
Eussent fait bon marché des richesses d’un czar,
Pour aller, chevauchant le fabuleux lézard,
En plein bleu, par delà les monts, les mers, les isthmes...

Hélas ! nous remontions dans nos brumeux dortoirs,
Ne rêvant que princesse aux bras blancs, aux yeux noirs,
Pour laquelle on brûlait d’une ardeur sans seconde !...

— Or, en vous regardant, madame, je revois
Un portrait enivrant des reines de Golconde
Qui m’ont parlé d’amour pour la première fois.