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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


Rien n’est plus douloureux qu’un tombeau solitaire
Où jamais un ami ne vient, le cœur en deuil.
Oh ! comme il doit sentir, celui qui git sous terre,
L’universel oubli peser sur son cercueil !





CHANSON TRISTE




Où sont mes rêveries ?
Elles sont Dieu sait où.
Roses de mai fleuries
S’effeuillent… et c’est tout.

Où sont donc à cette heure
Mes gaités d’autrefois ?
— Demande au vent qui pleure,
En hiver, dans les bois.

Que fait l’an qui s’envole
De chaque espoir défunt ?
— Demande au vent qui vole
À la fleur son parfum.

Las ! je ne sais pas même
Ou sont allés mes chants !
— Demande au vent qui sème
Les graines dans les champs.

Ma vie, où s’en va-t-elle ?…
Dans un triste chemin :
L’espérance immortelle
La conduit par la main.