Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/210

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tissements de ducasse aussi nuisaient au prestige de la cérémonie ; et il les attribua au mauvais gré des libéraux. Mais des exclamations de pitié et d’horreur montaient, la file s’espaça, des cœurs charitables traversèrent la chaussée pour faire l’aumône à la Tête de mort. Il n’était que temps de rallier les brebis, sous peine de les voir se disperser. Alors il expuma avec force un gluau, toussa pour s’éclaircir la voix, et enflant ses poumons, entonna le cantique :

« C’est le mois de Mari-e
« C’est le mois le plus beau,
« À la vierge chéri-e
« Disons un chant nouveau. »


Immédiatement les petites filles furent prêtes ; elles ouvraient très grandes leurs bouches ; mais la fatigue, la chaleur, l’épuisement des sucs salivaires amincissaient leur chant, déjà gracile ; et, d’autre part, une mollesse attardait les enfants de chœur dans les syllabes finales, bien que Bourdaille scandât avec énergie le rythme, ponctuant