Page:Lemonnier - Ceux de la glèbe, 1889.djvu/214

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ral, effroyablement discord ; une ménagerie de singes, de chacals, de chats sauvages eût semblé harmonique par comparaison ; des fois, la piété s’exaltant, une fureur haussait le diapason des voix, comme dans une mêlée. Bellotte, avec un sourire, se tourna tout à coup vers Célestin.

— Vous ne chantez pas, cousin ?

— Si fait !

Et amoureusement il lui souffla dans le cou les deux derniers vers tronqués :

« La cousine est bien plus bel-le,
« Plus doux sont ses attraits.


Elle s’était laissé dépasser par les femmes qui la suivaient ; à présent il sentait s’appuyer à lui la rondeur charnue de ses épaules ; des ruses le travaillèrent pour la détacher du pèlerinage, fuir ensemble dans les bois. En même temps, il imaginait des drôleries pour l’égayer : à deux ils se moquèrent du chapelet, long comme une aune de boudin, qu’un vieux paysan égrenait, abêti de foi et de misère. Finalement, s’aventurant à une