Page:Lemonnier - Félicien Rops, l’homme et l’artiste.djvu/157

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beauté si on la compare à la laideur péjorative et au grand style populo d’un Lautrec, aux guenuches maigrichonnes et fripées de cet étonnant ironiste, Forain, aux petits nus blets, tripotés et canailles de Legrand et de Faivre.

Je crois qu’au fond, chez les vieux civilisés, toute décantation intellectuelle aboutit à cette nuance de classique qui est le sens même de la race, expérimenté par la durée. Mais toute chose, par un indice irrécusable, se révèle toujours de son temps et si le corps a des gestes éternels, le visage a des grimaces variables comme la cuisine ses fumets et qui les différencient du passé. Le masque, avec ses stigmates, avec la griffe et l’estampille de la vie, avec l’empreinte spéciale de l’animalité du siècle, voilà tout de même la part de la modernité dans le tréfond classique de Rops. Cachez-le, ce masque, en tirant jusqu’en haut le flot des jupes et mettant le corps à nu : c’est l’harmonie plastique païenne des Phryné et des Aspasie. Mais faites retomber les linons et les soies en sorte que le visage seul demeure visible et c’est alors, comme là-haut aux tours des cathédrales, la stryge des gargouilles, toute la bête d’une fois remontée au pli agressif d’une grimace maquillée de fille. Et cette fois, nous sommes bien chez nous, aux sources mêmes de notre morbide érotisme.