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d’un « bois de hêtres ». Elle continue à laisser tomber la même suie dans les mêmes œufs sur le plat et à mettre consciencieusement le même nombre de cheveux dans le fricot de fondation, « la fristouillade ! Un bon plat, un plat qui faisait faire à Rousseau les cinq lieues qui séparent Marlotte de Barbizon… »

Il aime prendre les airs d’un globe-trotter. Les billets qu’il envoie de ses relais, réels ou imaginés, ont la fièvre et galopent comme lui. Il lui arrive de les signer « Steeple Chase. » Mais en 1880, c’est vraiment le grand départ.

« J’ai fait des voyages fous de Paris aux frontières russes, à travers la Hongrie, de Belgrade à Vienne. Passé à Bellagio. La Suisse est un pays grotesque. Les Vénitiennes sont laides. Si tu voyais les Hongroises ! Les femmes à cinquante ans ont des poitrines bronzéennes. Admirable, Venise, mais la Pusta, la steppe hongroise ! J’ai fait cent soixante lieues à cheval là dedans. » Il en rapportera cette fameuse Dans la Pusta, étrange comme une apparition de sorcière, antidatée août 1879, par une malice qui lui est familière, et pour laquelle il écrit cette légende : « Grisés d’air et de lumière, nous courions dans cette infinité de la steppe. Souvent presque sous le sabot de nos chevaux se dressaient des figures noires, à l’aspect fatidique qui, pareilles aux anciennes « Sagas des champs brûlés », semblaient garder cette terre étrange, mère et confidente de leurs secrets. »

Cent soixante lieues ne comptent pas pour lui : son imagination est un hippogriffe ailé qui l’emporte à travers les distances. Du moins il voit la Hongrie, sa « chère Hongrie », et les tziganes font tressaillir en lui la race. En tous sens ses courriers emportent des billets commentés de dessins et guillochés comme des pointes sèches, avec ce jeu de mots pour étiquette : Ropsodies hongroises.

Il écrit à Picard : « Mon cher ami, voici encore une page des « Ropso-