Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/102

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des teintes, sans trop les mêler, avec le couteau, il les posait franchement sur la toile, sans y revenir ; il employait fort peu les noirs pour les ombres. Il semble bien que ses tonalités favorites aient été le vert, un vert-bouteille, et le rouge, qui s’harmonisent et se complètent si heureusement.

Le Bonaparte à Arcole doit être considéré comme une des œuvres où Gros s’est le plus révélé peintre. Placé en face de la nature, laissé à lui-même avec toute la liberté que l’esquisse comporte, il a par quelques frottis peint la figure et les cheveux. C’est d’une légèreté de touche et d’une justesse de tons, sans reprises, vraiment admirables. Puis le Bonaparte maigre et ardent de la campagne d’Italie revit tout entier dans ce visage aux yeux creux, perçants et ardents, à la lèvre fine, sèche et volontaire. Le portrait de Fournier-Sarlovèze est à la fois très vigoureux dans ses tonalités et très délicat dans ses harmonies, à ce point qu’il est permis de penser que Gros avait reçu quelque impression de l’école des peintres anglais.

Dans les Pestiférés de Jaffa, le premier plan et les galeries de gauche sont d’une tonalité sombre (tirant vers le brun et le gris), pour rendre plus sensible l’effet d’éclairage au centre et à droite, avec dans le fond les hauteurs de Jaffa en plein soleil. Dans ce cadre de lumière et d’ombre se meuvent les personnages et se distribue la couleur, ramenée à trois ou quatre tons dominants : vert-bouteille, bleu-marine, rouge et blanc, un peu de jaune çà et là. La