Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/108

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que, même dans les portraits des héros du temps, même dans la représentation des actions militaires dont le public recevait l’impression directe et vibrante par les journaux, par les récits encore tout chauds du feu des batailles, la préoccupation classique reparaissait plus d’une fois. Le général Leclerc, nu à la façon de l’Achille antique, n’est pas du tout une exception, pas plus que le Hoche, nu aussi et casqué à la romaine. Les médailles nombreuses que Napoléon fit frapper à sa gloire montrent de façon saisissante jusqu’où pouvait aller l’abstraction. Pour Iéna, c’est, à l’avers, Napoléon en empereur romain à cheval, tenant la foudre symbolique et écrasant deux guerriers (car on n’ose vraiment pas dire soldats), qui ressemblent à ceux des Sabines. En bas, Exercitu ad Ienam deleto (l’armée [prussienne] détruite à Iéna) ; en exergue : Borussi didicere nuper (les Borusses [Prussiens] l’apprirent naguère [à leurs dépens]) : souvenir manifeste d’une ode d’Horace. Ou bien c’est, pour la même bataille d’iéna, un empereur nu sur un aigle, brandissant encore la foudre et frappant les Titans renversés sur les rochers qu’ils avaient essayé de soulever. « Cette composition, dit Landon, rappelle celle que Jules Romain a peinte à fresque au palais du duc de Mantoue ». Constatation à noter, ainsi que la précédente. On objectera vainement que les différences tiennent surtout aux conditions particulières de la sculpture ou de la gravure en médailles. En réalité, il y avait là pour beaucoup d’artistes et de théoriciens une question de principe. Ils ne pardonnaient