Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/129

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convictions et de leurs desseins, soit qu’ils introduisent dans l’art une technique, soit qu’ils essaient d’y faire triompher une esthétique nouvelle. Or, nous l’avons dit, Gros n’eut jamais que des instincts techniques et il ne professa que des théories surannées. Voilà sans doute pourquoi on ne retrouve presque rien de lui dans l’art du XIXe siècle, ni en ce qui concerne la technique, ni en ce qui concerne les visées esthétiques. Il est vrai, et nous nous empressons de l’ajouter, que dans ce siècle, révolutionnaire en art comme en politique, on citerait difficilement des maîtres dont les leçons aient beaucoup duré. Gros mort, les novateurs virent en lui surtout l’homme qui avait rompu avec l’Académisme ; ils oublièrent ses défaillances pour ne songer qu’à l’artiste épris de couleur et interprète des choses de son temps, ils se bornèrent à chercher en lui un protagoniste derrière lequel ils abritaient leurs hardiesses.

Aujourd’hui, on ne lui donne et on ne peut lui donner aucune place auprès de celle qu’occupent encore dans nos discussions Delacroix, Ingres ou même David. Mais pourquoi demanderait-on à tous les artistes d’être des théoriciens ? Leur véritable gloire est dans leurs œuvres et dans les sensations qu’elles éveillent en nous. C’est pour cela que Gros mérite — quelquefois — d’être admiré, et que son nom est d’autant plus loué qu’il n’inquiète plus personne.


FIN