Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/29

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salle, un Marbot ! Ajoutons les uniformes de couleurs variées, chamarrés d’or et d’argent, les pelisses de fourrure dont les guerres d’hiver introduisirent la mode, la fantaisie et la richesse des armes pour les officiers supérieurs ; voilà une source féconde de pittoresque et de couleur. Enfin, les armées se portèrent des plaines de l’Italie aux sables du désert égyptien, du Rhin au Danube et à la Vistule, autant de motifs de paysages sans cesse renouvelés.

David, Girodet, Gérard et bien d’autres artistes secondaires ont été appelés comme Gros à représenter les grandes scènes de leur époque. Mais, ou bien leur imagination, comme il arriva pour Gérard, était sèche et froide, ou bien, comme David et Girodet, ils furent gênés par leur esthétique tournée tout entière vers l’antiquité. D’ailleurs, ils ne connaissaient que par ses côtés officiels cette histoire qu’ils interprétaient. Ils n’avaient jamais vécu la vie militaire, jamais été sur un champ de bataille, jamais eu la vision directe des choses ; ils ne les reconstituaient que dans un arrangement factice d’atelier. Gros, au contraire, était préparé par toute sa jeunesse à être le héraut vrai et dramatique des gloires impériales.

Jusqu’au moment où il entra délibérément dans la voie de l’histoire contemporaine, son talent fut indécis. L’exposition de 1801, la première à laquelle il prit part, montre précisément chez lui cette hésitation, qui devait se poursuivre jusqu’à la fin de sa vie, entre l’art archéologique et l’art vivant. Il y envoya le Bonaparte à Arcole, œuvre