Page:Lemonnier - Gros, Laurens.djvu/62

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pas s’analyser et ne se rendait pas compte de la nature même de son génie. De théorie, il restait classique ; il avait le culte des maîtres, celui des traditions : il les avait transposées, en les appliquant à des sujets modernes, bien plus qu’il ne les avait reniées ou abandonnées. Puis il professait pour David une vénération presque aveugle, qui allait s’idéaliser par l’absence, lorsque celui-ci eut été exilé comme régicide en 1816. Le fait que David lui avait confié en partant la direction de son atelier ajoutait à ses sentiments intimes des scrupules de loyauté, car il se considérait comme responsable de ses doctrines envers son maître. Enfin, comme il fut en 1816 nommé professeur à l’École des Beaux-Arts, il se trouva encore plus engagé, étant chargé d’un enseignement officiel, à soutenir la cause du classicisme.

D’ailleurs David le harcelait : « Vite, vite, mon bon ami, feuilletez votre Plutarque et choisissez un sujet connu de tout le monde. » Il paraît que la bataille d’Eylau et la campagne d’Égypte étaient des événements ignorés ! Gros ne revint pas à Plutarque, mais il revint aux tragiques grecs : en 1815, Départ d’Oreste ; en 1819 ou 1820, esquisse d’Œdipe et Antigone.

Cependant il ne se rendit pas tout à fait ni tout de suite. Tout en protestant contre la mode des portraits, « triste ressource de notre art et l’écueil des artistes appelés à de plus nobles travaux », il continua à faire des portraits. Au Salon de 1814, — car il y eut un Salon en 1814, — il exposa celui du comte de La Riboisière et celui de la