Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/138

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de l’ombre, qui le poursuivrait partout, et son humeur s’exaspéra. Il rôda deux heures dans les bois, mesurant de l’œil la hauteur des arbres, machinalement, mais les corbeaux l’effrayèrent. Par moments, il poussait des cris rauques, se frappait à poings fermés la tête et la poitrine, se lançait contre les arbres, le front en avant, comme les fous, et puis s’asseyait, ayant peur de la mort. D’autres fois, il tendait les poings au ciel, maudissait Hein de s’être jeté dans sa vie, et il appelait la mort sur Tonia, sur lui, sur tout ce qui l’entourait. Puis il entra dans un cabaret, s’étourdit avec du genièvre au poivre, et, étant sorti, alla choir dans un terrain où il resta à la pluie, jusqu’au petit jour.