Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/160

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Et elle se perdait en conjectures sur l’homme blond ; puis sa voix baissa et elle eut l’air de continuer un soliloque intérieur. Ses longues mains sèches, pendant ce temps, battaient les cartes crasseuses, s’agitaient à travers leurs combinaisons avec des mouvements de possession, et ses yeux s’allumaient, distinguant d’étranges choses. Toujours le mariage revenait, mais empêché par un homme blond, et quelque chose de terrible, que les cartes laissaient dans le vague, terminait tout. Depuis le matin, elle était à la même place, scrutant l’avenir, appelant à l’aide le hasard, oubliant le boire et le manger ; et les cartes ne se démentaient pas, ramenaient ponctuellement aux mêmes endroits l’événement obscur. Quoi ? Elle ne le savait pas ; c’était un malheur, une disparition, un