Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/89

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pavé, faisait le compte de l’argent ; par moments, au travail, bêchant, sarclant, binant, ils étaient saisis de l’anxiété abominable que quelqu’un pouvait les voler. Ils plantaient là le travail alors et allaient s’enfermer dans la grange.

Puis, ce mort les obsédait. Leur superstition lui prêtait toute sorte de vengeances méchantes, de petites taquineries basses. Il ensorcelait leur maison, était cause des contrariétés qui leur survenaient, s’acharnait après les bêtes, faisant peser sur eux comme un avant-goût de la damnation éternelle. Justement la vache prit du mal aux champs, par un temps de pluie ; à peine rentrée dans l’étable, elle s’affaissa, s’étira, se roidit. Et à quelques jours de là, l’un des porcs, s’étant vautré sur le fumier, heurta un tesson de bouteille qui lui fendit la cuisse. Il fallut le