Page:Lemonnier - Le Mort, 1882.djvu/98

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longtemps demeurés sur le chemin à s’amuser, jetant des pierres aux vaches, derrière les enclos ; et subitement l’aîné s’était avancé, son sabot à la main, et avait cogné. Il était maigre, avec des yeux de jeune loup, et sa chair se voyait à travers ses pantalons déchirés.

C’étaient trois garçons ; le plus jeune avait quatre ans. Ils avaient pris l’habitude de rôder par la campagne, entrant dans les celliers et les granges, montant aux arbres pour prendre les nids, volant les pommes, les carottes, les navets, tout ce qu’ils trouvaient à portée de leur main, et le plus souvent le petit faisait la garde, criant lorsque quelqu’un arrivait. La mère les laissait à l’abandon ; ils avaient les cheveux broussailleux, les habits en loques et des faces noires, éraillées. Ils étaient chaussés tous trois de