Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/164

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que tous ces messieurs prétendaient…

— A la longue, tout se sait, tout se dit et même tout se paye, pour compléter le proverbe.

— Ah ! mon ami, tu me navres ! répondit tristement Georges. Dans ces conditions désastreuses, comment puis-je oser ? Ma pauvre espérance est bien morte sur pied.

— Dame, répliqua l’avocat en baissant le ton, il faudrait lui plaire, à elle d’abord. Le père et la mère, naturellement, ne viennent qu’ensuite. Ils feront ce qu’elle voudra… Voyons… Pas d’enfantillages… Réfléchissons… Ne soyons ni trop enthousiaste ni trop déconcerté… Pour commencer, tu as très bien valsé, ce soir… C’est déjà quelque chose.

— Tu crois ?

— J’en suis sûr… Une autre question… Es-tu bon écuyer ?

— Peut-être pas d’une suprême élégance, mais solide, j’en réponds. Aux colonies, l’occasion s’est souvent présentée de faire des reconnaissances en pays perdu, et j’ai enfourché à cru bien des bêtes difficiles.

— Tant mieux !… un bon point de plus à ton actif. Tu verras comme Mlle Thérèse est belle écuyère. Elle n’a pas comme tant d’autres de talents d’agrément. Elle ne sait ni pianoter, ni roucouler rêveusement la romance à la mode,