Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/191

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A peine installés dans leurs nouveaux cantonnements, ils le bâtissent, le façonnent à leur guise, bien capitonné de fins duvets, de crins, de laine et de soie… souvent de terre et de mousse à l’extérieur… mais, à l’intérieur, ouaté comme une vraie conque de velours.

Mésange avait eu la même pensée.

Elle avait pris toutes ses mesures pour être prête au jour fortuné marquant une si belle page dans sa vie.

Les oiseaux, que bien à tort on dit légers, sont très sérieux quand il faut songer à tous ces menus détails de ménage, qui contribuent pour une si grande part aux joies sacrées bénies par le créateur des mondes.

Pourquoi une jeune, charmante, heureuse petite femme intelligente et bien Française, n’aurait-elle pas fait comme eux ?

Le soir du mariage, au lieu de quitter brusquement leurs familles, pour s’en aller Dieu sait où !… prendre un bruyant chemin de fer, crachant sa fumée noire ; au lieu de traverser des villes inconnues, de passer par de froids et luxueux hôtels qui, à vrai dire, ne sont que des auberges où entre tout le monde ; où les glaces, rayées en tous sens, affichent de vulgaires noms de femmes écrits au diamant par les grandes coureuses des stations balnéaires ou hivernales, les nouveaux mariés restèrent simplement