Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/209

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Quel était ce pauvre garçon ? Personne ne le connaissait parmi les gens du pays. Tout ce qu’on savait de lui, c’est qu’arrivé seul depuis trois jours par le vapeur de Bordeaux, il avait loué pour la saison un chalet à Saint-Palais-sur-Mer. Comme signalement, pantalon gris, cravate de foulard et jaquette bleue… le vent de la côte avait emporté son béret. Sur lui ni montre ni portefeuille, pas même une simple carte de nature à éclairer sur son identité.

Le docteur Laborde, mandé d’urgence, n’arriva que deux heures après l’accident. Thérèse, inquiète et surprise, encore pâle de sa chute et toute émue du danger que le jeune inconnu avait couru pour elle, était restée à son chevet.

Dans l’attente, et durant deux mortelles heures, elle put contempler à son aise et envelopper de tous ses regards ce jeune et courageux garçon, immobile et les yeux fermés, et qui semblait endormi de son dernier sommeil.

Plus elle le contemplait et plus elle croyait retrouver en lui une vague ressemblance avec quelqu’un… vu autrefois, mais à une époque très lointaine qu’elle ne pouvait préciser… A qui ressemblait-il ? Était-ce une hallucination de son pauvre cerveau troublé ? Il y avait là quelque chose d’étrange, de mystérieux et de voilé comme l’implacable destin antique. Elle