Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/233

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mon père… J’avais à vous parler de choses graves… Avec votre consentement, je me remarie.

— Et qui épouses-tu ?

— Henri Paulet, le frère… de l’autre.

Elle n’osa prononcer le nom de Georges.

— Et l’autre, reprit froidement Desmarennes, tu l’as donc oublié ?

— Vous êtes cruel, mon père… Il n’est pas de ceux qu’on oublie… mais laissons en paix ceux qui dorment… S’il pouvait m’entendre lui-même aujourd’hui, peut-être m’approuverait-il.

— Ah ! fit Desmarennes tout surpris, qui avait peine à en croire ses oreilles.

— Il n’y aura qu’un prénom de changé, continua Thérèse… on m’appellera Mme Paulet, comme toujours… Vous comprenez bien, mon père, que je ne puis rester éternellement veuve… Autrefois j’ai fait un mariage d’amour ; aujourd’hui je suis décidée à faire un mariage de raison… Il vous faut une famille… J’ai réfléchi mûrement… je ne suis plus une jeune fille, mais une femme sérieuse…

Une vraie lutte de générosité s’engageait entre Thérèse et son père, dont les derniers doutes semblaient encore longs à dissiper.

— Mais enfin, reprit-il, je ne veux pas que tu te sacrifies…

— Ce n’est pas un sacrifice, mon père…