Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/25

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cinq étoiles miroitant sur un bout de grève mouillée, il n’en faut pas davantage…

Mais je n’ai pas oublié le bon génie auquel je dois une si grande part de mon succès. N’est-ce pas toi qui m’as tendu la main et généreusement ouvert ta bourse toute grande, dans un jour de détresse ? Tu m’as donné spontanément et sans arrière-pensée trente mille francs que tu pouvais parfaitement croire à fonds perdus, quand je n’étais encore qu’un mince bohème perdant courage et bien près de sombrer dans le grand inconnu…

— Trente mille francs, que depuis tu m’as intégralement remboursés.

— Je n’en reste pas moins ton éternel obligé, comme à un frère de cœur et d’art. Aussi, je bénis le hasard providentiel qui me jette aujourd’hui sur ta route pour t’exprimer ma vive gratitude, et si jamais à une heure quelconque de ma vie…

— J’en suis convaincu, cher et illustre maître…

— Je m’en veux pourtant de t’avoir caché quelque chose au jour néfaste où tu m’as secouru… tu n’as jamais connu le fond de cette vieille histoire, le plus douloureux et le plus cher secret de ma jeunesse ; tu vas le connaître.

— J’avais en effet toujours pressenti quelque