Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/293

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libre oiseau dans sa plume et dans l’air.

La bonne et grosse gaieté verbeuse de M. Grandperrin avait de prime abord mis tout le monde à son aise. Après les premiers bruits de cuillers et de fourchettes, la conversation naissante se prit à battre la campagne à travers les généralités courantes. Il fut question de la contrée et des environs curieux à voir, du mont Saint-Michel et de ses fameux sables,

Source de tant de fables,

et des belles rangées de tamarix ondulant aux deux bords de la route ; de Cancale et de l’île des Rimains ; d’Avranches et des profondes vallées rocheuses de Carolles qui lui donnent l’aspect de Jersey ; de Dinan sur la Rance, et du cap Fréhel, qu’on visite en barque par les temps calmes ; et de Saint-Malo et du grand Bey, où dort Chateaubriand.

A propos de sa tombe, le comte Albert eut une sortie assez vive :

— Au lieu d’un mince grillage et de cette petite croix mesquine à peine émergeant du roc, j’aurais compris, s’écria-t-il, une haute croix de granit, qu’on pût saluer du large, à cinq ou six lieues en mer, et disant de loin aux marins qui passent : « Là, près de son berceau,