Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme toujours, que je suis un pauvre étourdi, m’amusant aux fleurs de la route et oubliant le principal, comme le Chaperon rouge. Tiens, regarde : Départ de Hambourg, le 18, à six heures du matin ; nous sommes au 15, à peine ai-je le temps en toute hâte. »

Et, à l’appui de son dire, le paysagiste exhibait une carte imprimée des Vapeurs réguliers faisant par mer le service de Hambourg à Berghen, carte qu’il avait prise à tout hasard en passant à Granville ; il ajouta :

« Je serais seul, peu m’importerait l’époque du voyage, mais là-bas doit m’attendre un camarade d’atelier de la rue Carnot, un ami fervent qui, durant ma longue absence de Paris, s’est religieusement consacré à mes succès d’artiste, en exposant mes toiles à tous les Salons. C’est grâce à lui que mes envois de chaque année n’ont pas été interrompus. Puis-je décemment lui fausser compagnie et laisser se morfondre au quai d’embarquement un si brave camarade, après avoir engagé ma parole ? Nous devons faire ensemble notre tour de Norvège. Des pays du soleil, je remonte au pays des neiges. Après avoir peint des palmiers et des cèdres, on fera des bouleaux et des pins. N’est-ce pas original, comme loi de contraste ?

— Et sans être trop indiscret, poursuivit le