Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/86

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Ma bouche est un écrin meublé de perles fines.
J’ai de grands yeux plus doux que la fleur d’un bluet.
Pour me faire si blanche avec ce corps fluet,
Ma mère au fond d’un rêve a dû voir des hermines.

Que n’étais-je à la cour de France au temps jadis !
Quels sonnets m’eût chantés la Pléiade charmée !
Sous le ciel d’Italie, aux jours de Léon Dix,
Le divin Sanzio m’eût peinte et m’eût aimée !

Depuis longtemps déjà vous avez les yeux clos
(Hélas ! comme à regret je fleuris la dernière),
Diane de Poitiers, la belle Ferronnière,
Et Marion Delorme, et Ninon de Lenclos !

Ah ! dans l’ordre des temps quelles métamorphoses !
Les poëtes sont morts… les amours sont grossiers..
Adieu le gentilhomme ! — Il faut plaire aux boursiers.
Gros phalènes ventrus se vautrant sur les roses.