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Je vous embrasse encore bien tous et ne vous oublierai pas tant que durera la gloire de Leconte de Lisle, vulgo : jamais.

Votre affectionnissimée.

Marie.


Brest, jeudi (printemps 1900).
Ma tante très chérie,

J’en suis encore à devoir tant de lettres, que c’est une véritable fraude que de m’en passer une agréable. Enfin, j’y suis, j’y reste. Et puis, ma pauvre tante, tu as été mal fichue, et cela prime tous les droits. Es-tu assez peu raisonnable d’interrompre un traitement justement parce qu’il réussit ? Moi qui ne fais que prêcher à Maman les régimes préventifs. Il faut mettre de l’art en tout, même dans la manière de se soigner, et ne pas oublier que nous sommes tous malades de naissance et que la santé, comme dit Taine, « est une réussite fréquente (hum !) et un bel accident »…

Sais-tu que les orgues de Fribourg sont chez Robert ? Carle le sait-il ? Je le lui aurais écrit si je ne me débattais dans des journées trop étroites. Andrée, elle, est toujours ici et nous nous promenons tous les jours ensemble. Nous allons très loin, fortes de notre renom d’éduca-