Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/148

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dorment les chouans : ceux-ci se jettent sur leurs armes et durant une heure soutiennent un siège, dirigeant sur les assaillants un feu si nourri qu’ils les tiennent à distance. Mercier, profitant d’un répit, se lance hors de la maison : la nuit est sombre, la forêt proche ; une haie à franchir et il est hors d’atteinte. Par malheur, il n’a pas eu le temps de se vêtir : la blancheur de sa chemise le signale à l’un des gendarmes qui le tire à dix pas. Mercier tombe, frappé d’une balle au cœur.

Tous ses compagnons réussirent à s’échapper ; mais la mort de leur chef était pour la chouannerie une perte d’autant plus irréparable qu’on découvrit sur son cadavre la lettre de Georges au Comte d’Artois, où était dévoilée sans détour la situation désastreuse des insurgés.

Le corps de celui qu’on a surnommé le Patrocle de l’Achille breton fut mis sur une charrette, transporté à Loudéac, promené triomphalement par les rues et jeté sur les marches de l’église où il resta durant trois jours. Puis on l’enfouit dans un coin du cimetière. Certains remarquèrent que Mercier était mort, à vingt-six ans, le 21 janvier, — date fatidique. Une tradition assure qu’il aimait et était aimé. Un prêtre réfractaire avait béni son union avec une jeune fille de Laval, « intelligente, ardente et dévouée ». Un enfant était né de ce mariage clandestin.

Écrasé de douleur par la mort de son ami, du