Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/71

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place, commissaires des guerres ; ils ne sortent pas des basses officines où s’ourdissent ordinairement ces sortes d’écrits : c’est Bernadotte, tout récemment encore ministre de la Guerre, Bernadotte, l’allié de Bonaparte, nommé par celui-ci, en remplacement de Brune, au commandement général des armées de l’Ouest, c’est Bernadotte qui commande ces vilenies et « assiste aux réunions où l’on examine les moyens de se défaire du Consul ».

Nombre des hommes politiques qui l’entouraient n’étaient pas plus sûrs : son ministre des affaires étrangères, Talleyrand, — le parangon de l’égoïsme, son ministre de la Police, Fouché, — le parangon de la perfidie, ne le servaient que dans l’espoir de le dominer. Son ministre de la Guerre, Carnot, était trop sincère républicain pour ne point s’offusquer de ses velléités autocratiques. Beaucoup même craignaient de se compromettre en témoignant confiance et sympathie à ce téméraire qui pouvait ne pas durer et dont les salons s’amusaient déjà à deviner quel serait le successeur. Par surcroît, l’argent manquait à tel point que jamais, en aucun pays, le trésor public ne connut semblable pénurie ; l’héritier du Directoire avait trouvé la caisse vide : le soir du 19 brumaire, il n’y restait pas « de quoi expédier des courriers aux armées et aux grandes villes pour les informer de l’événement ». L’état des relations avec les Cours étrangères n’était pas