Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/91

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de vingt couverts, « montant dans une voiture de place » filée par les agents de police ; elle s’arrête à l’entrée d’un passage à l’autre issue duquel Georges rejoint Hyde qui l’enlève dans un cabriolet et démarre en vitesse. Pendant que s’opérait cet escamotage, — c’était le 8 avril, — les trois Bretons venus à Paris avec leur chef reprenaient en poste la route de Nantes, et comme l’un d’eux était porteur du passeport levé, quelques jours auparavant, au nom de Cadoudal, ce stratagème eut un plein succès. L’abbé Le Leuch retourna à Plumeret, son séjour habituel ; les deux autres rendirent à Brune compte de leur voyage et lui certifièrent que Georges, discrètement rentré dans le Morbihan, était résolu à « rester tranquille » ; ils remirent même au général une lettre autographe par laquelle Cadoudal lui donnait la même assurance.

La police de Fouché, elle aussi, fut dupée ; un « observateur » notait, le 21 avril : « Georges est parti fort mécontent et dans des dispositions équivoques ; les ordres pour sa surveillance ont été donnés au préfet (du Morbihan) et au général Brune… » preuve qu’on le croyait en Bretagne. Un seul agent secret paraît avoir soupçonné la vérité : il écrivait laconiquement, le 8 avril, que « le chef des rebelles avait quitté l’Hôtel des Ministres, soi-disant parti pour son pays avec Biget ».