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derrière les vieux murs en ruines

13 avril.

Des coups légers à la porte…

Un Marocain sans doute, car les Nazaréens n’ont point cette discrétion de bon aloi et font, du heurtoir, un affligeant usage.

— Qui est là ? crie Rabha.

Une fois ce devoir accompli, elle continue à broder son mouchoir.

Les coups résonnent à nouveau, délicatement, sans impatience.

— Qui est là ? reprend la fillette.

Elle laisse à regret son ouvrage et traverse le patio à pas lents. Chemin faisant, elle aperçoit une rose dans les feuilles, s’en empare, la pique dans ses cheveux, derrière son oreille qu’orne déjà le grand anneau d’argent aux tremblantes pendeloques.

De petits coups lui rappellent l’attente résignée du visiteur.

— Qui est là ? demande-t-elle encore, afin de lui donner de l’espoir.

— Ton prochain en Allah, répond une voix derrière la porte.

Après un long conciliabule, Rabha arrive, l’air sérieux et m’informe :

— C’est une esclave de Marzaka, notre voisine. Elle te dit d’aller chez sa maîtresse.