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derrière les vieux murs en ruines

— Ce n’est pas cela qui m’occupe, mais le caftan de ta femme.

— Ô Allah ! qu’elle est pressée !… Certes elle l’aura, sans aucun doute. À présent je n’ai plus rien… Je lui achèterai son caftan dès que ce Zerhouni m’aura rendu l’argent qu’il m’a volé. Je saurai bien où trouver ce coupeur de routes. Salah, le porteur d’eau, connaît son cousin. J’irai le chercher à Fès s’il le faut !… Vingt-cinq réaux un canari femelle !

— Fort bien ! mais Zeïneb réclame son acte de mariage.

Kaddour sursaute. Malgré les canaris, Zeïneb lui est chère.

— Aï ! Comment ferai-je !… Personne, assurément, ne voudra me prêter… Je suis sous ta protection et celle d’Allah, Donne-moi dix réaux, je te les rendrai dans un mois.

Je sais ce que l’on risque à prendre Kaddour pour débiteur, mais son enfantillage et son embarras me touchent.

Dès qu’il tient l’argent, Kaddour retrouve toute sa gaîté. Que lui importe le mois suivant et, après tant d’autres, cette nouvelle dette qu’il ne payera jamais.

Pourvu qu’il achète le caftan et ne se laisse pas tenter par un chardonneret !…

Je suis passée chez lui, tout à l’heure, pour m’en assurer.