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derrière les vieux murs en ruines

Mais ces cultures n’ont point l’ennuyeuse symétrie des nôtres. Elles s’enchevêtrent sans ordre visible, se mêlent, au hasard, de géraniums et de rosiers fleuris, forment des masses de feuillage où se complaît le regard. Malgré leur utilité, apparaît simplement leur charme.

D’étroites allées en maçonnerie se croisent à angles brusques, surélevées au-dessus du sol. Une longue tonnelle de roseaux, couverte par les vignes, offre un chemin d’ombre verte jusqu’au pavillon où le Chérif nous attend.

Mouley Hassan arrive à notre rencontre, digne et lent, afin de satisfaire à l’hospitalité, sans toutefois marquer un empressement qu’il ne témoigne à personne. Sa haute stature s’enveloppe d’admirables mousselines, sous lesquelles joue le rose vif du caftan. Sa barbe, aussi blanche que ses lainages, encadre son visage majestueux. Négligemment il manœuvre un chasse-mouches, fait de souples crins réunis en une poignée de cuir.

Il goûte nos compliments avec une complaisance hautaine, célèbre lui-même l’excellence et la fécondité de ce jardin que nul n’égale, tout en affirmant qu’il en possède bien d’autres, plus merveilleux encore.

On accède au pavillon par quelques degrés de mosaïques, raffinement inattendu en ce champêtre décor, aussi bien que le tout petit paysage apprêté devant la salle, et qui borne la vue : un berceau