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derrière les vieux murs en ruines

Seul, un ramier, au bord de son nid, nous contemple d’un œil étonné…



1er juillet.

Toutes les femmes ce soir montent aux terrasses ; un recueillement insolite plane au-dessus de leur assemblée… Elles ne bavardent point ni ne s’attardent en escalades pour rejoindre les voisines. Droites et graves, tournées vers l’Occident, elles inspectent le ciel où vacille un dernier reflet. Elles ne savent point qu’il est mauve, d’une nuance incertaine et délicieuse faite de tous les roses du couchant fondus en l’azur du jour, mais seulement qu’il y doit paraître le signe des temps attendus.

Tout à coup une rumeur s’élève de la ville ; les discordants hautbois ont déchiré le crépuscule et dominent la cantilène des muezzins… Les femmes y répondent par des yous-yous suraigus ; les enfants courent en criant l’heureuse nouvelle, les passants se la confirment d’un air ravi : la première lime du Ramadan est apparue !

Quelle joie ! Tous les cœurs sont en liesse, excités par la perspective des jours inhabituels, qui ne seront point comme les autres jours, qui rompront le cours monotone de la vie ! Pourtant