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derrière les vieux murs en ruines

tômes, consciencieusement drapés dans les haïks, s’agitent près de ma chambre avec une impatience non dissimulée.

Nous sortons. Les fillettes s’engouffrent sous la porte voisine, traversent un vague vestibule et disparaissent derrière une cotonnade flasque et déteinte qui ferme la partie réservée aux femmes. Je ne puis les y suivre, car le « maître des choses » s’avance vers moi et me prie d’honorer l’assemblée de ses parents et amis. Ils sont réunis dans une étroite chambre longue, humide et noire. La chaux des murs s’écaille, se boursoufle, marbrée de taches jaunâtres. Le haïti[1] de velours accuse la misère qu’il cherche à parer ; les durs matelas, rembourrés de chiffons ou de paille, arborent de très pompeuses couvertures, et des coussins aux brocarts déteints s’éliment sous leurs housses en mousseline.

Au bout de la pièce, une tenture ferme le ktaa, alcôve mystérieuse des noces, où l’on me fait signe de pénétrer.

Une température suffocante s’emprisonne derrière les rideaux et l’on y voit à peine à la lueur des cierges. Je distingue cependant un paquet d’étoffes, une forme immobile dont, un instant pour moi, une vieille soulève les voiles.

Je ne sais plus très bien s’il faut ajouter foi au sortilège, en contemplant cette mariée simiesque

  1. Tenture murale.